Il y a 30 ans, jour pour jour, la maison que j’occupais avec mon mari, nos filles, notre chienne et notre chat, a brûlé …

C’était un lundi, mon mari et moi étions au travail et nos filles à l’école. La chienne et le chat étaient dans la maison. Gypsie se sauvait tout le temps et faisait peur au facteur, nous la laissions donc à l’intérieur de la maison pendant notre absence. Coquin, en bon matou, choisissait chaque jour s’il restait ou s’il sortait pour la journée.

Le feu dans la cheminée s’était éteint dans la nuit et mon mari n’avait pas eu le temps de le rallumer avant de partir au travail. Il s’était dit « je m’en occuperai ce soir en rentrant. »

Seulement voilà, cette journée du 9 mars 1992 ne s’est pas du tout passée comme prévu.

C’est le voisin qui a vu la fumée sortir de manière inhabituelle de la cheminée et de la toiture. C’était vers 13h. Il a prévenu les pompiers et mon mari à son travail et tout s’est enchainé.

Mon mari est vite venu sur place avec des collègues et m’a appelée au bureau. Avant de rentrer, je suis passée faire la déclaration au cabinet d’assurance, je savais juste que la maison n’était plus habitable … et que Gypsie et Coquin avaient été asphyxiés par la fumée.

Et là, nous avons retroussé nos manches, soutenus par nos proches, famille, amis, collègues, …

Tri, évacuation, nettoyage, assurance, experts, déménagement de ce qui était récupérable, quelques meubles de cuisine et de salle à manger, de la vaisselle, le congélateur et son contenu … et les albums photos, certes noircis, mais quel bonheur d’avoir pu conserver ces souvenirs ! Beaucoup de démarches à faire qui ne laissent pas trop le temps de réaliser. Trouver un endroit pour dormir et manger, protéger les filles, c’était le focus pour tenir.

Ce qui est « drôle » dans cette histoire, c’est que le jeudi précédent, nous avions signé chez le notaire l’achat de notre future maison dans le même village. Nous ne savions pas encore quand nous allions déménager car nous souhaitions effectuer quelques travaux de rafraichissement avant. On peut dire que ce fut un déménagement très spécial … Nous nous sommes très rapidement retrouvés dans notre nouvelle maison comme elle était, en mode camping avec lits et vêtements donnés ou prêtés.

Et nous avons rebondi.

Un ami m’avait dit : « Tu verras, dans six mois, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir ! » Sur le moment, je l’avais fusillé du regard et, un peu plus tard que 6 mois après quand même, j’ai repensé à cette conversation et je me suis dit qu’il avait raison. La vie reprend son cours comme on dit, on va de l’avant et on bâtit autre chose.

La maison brûlée a finalement été rasée et nous avons quand même eu le fin mot de l’histoire. Comment un incendie a-t-il pu se déclarer alors qu’il n’y avait pas de feu dans la cheminée ? C’était une vieille maison éclusière et une poutre passait dans le conduit de cheminée en le longeant, insoupçonnable au ramonage. Elle s’est consumée tout doucement, peut-être pendant plus de 2 ans d’après les experts et sans qu’on s’en aperçoive. L’incendie aurait pu se déclencher à n’importe quel moment.

Alors, un lundi hors vacances scolaires, c’était le moins pire.

Ce que je retiens de cette expérience, c’est le formidable élan de solidarité dont plein de gens, connus ou inconnus, ont fait preuve. Nous avons reçu une aide phénoménale faite de dons de vêtements, de meubles, de jouets, d’argent et de temps donné pour les travaux dans la maison. Je pense aussi à mon père, plâtrier, qui a abandonné ses chantiers en cours pour venir isoler et enduire tous les murs intérieurs faits de crépi. Gratitude à lui et à toutes ces personnes !

Ce que je réalise aussi aujourd’hui, c’est que j’ai cette capacité à rebondir. Plusieurs personnes m’ont dit qu’elles n’auraient jamais pu gérer une telle situation et qu’elles se seraient écroulées. Est-ce qu’on peut le savoir d’avance ? Quand on est directement concerné, je crois qu’on y va, on fonce sans se poser de questions. C’est en tout cas comme ça que je fonctionne et que j’ai fonctionné dans les moments difficiles de ma vie, tels que celui que je viens de vous raconter.

Avec le temps, je me dis que c’est une expérience qui a permis quelque part que je sois devenue celle que je suis aujourd’hui. Les évènements de notre vie, heureux ou malheureux, nous façonnent et nous font aller de l’avant. Quelquefois, c’est comme un coup de pied aux fesses qui nous fait avancer et remet les choses à leur juste place … ou pas !

A l’époque, j’ai géré au mieux la situation et c’est ce qui compte : faire de son mieux chaque jour avec ce qu’on perçoit, ce qu’on sait, ce qu’on est et ce qu’on a.

Et j’en sais encore bien plus aujourd’hui !

Laurence Favier – Coach & Formatrice professionnelle – Business mentor